"e dono ei novum castellum, regalissiman sedem, cum servis et ancillis et omnibus appendiciis suis" : "et je lui donne novum castellum (le bourg du nouveau château), domaine très royal, avec ses serfs, servantes et tout ce qui en dépend".
Le nom de la ville évolua de Nuefchastel (1251), Neufchastel (1338), Neufchâtel (fin 17e siècle) à son nom actuel qui ne s'imposa que dès la première moitié du XVIIIe siècle. La ville francophone n'étant pas loin de la frontière linguistique germanophone, le nom allemand Neuenburg (écrit ainsi depuis le XVIIe) est aussi utilisé depuis longtemps.
1033-1395 - La Maison de Neuchâtel
Une année après la mort de Rodolphe III le royaume de Bourgogne est absorbé par le Saint-Empire romain germanique. A Neuchâtel, une famille de hobereaux locaux, Les Fenis occupèrent le château abandonné par son propriétaire et prirent bientôt le nom du lieu, créant ainsi la maison de Neuchâtel. Le personnage le plus illustre et aventureux de cette famille est le Comte Louis (1305-1373) qui s'impliqua dans les guerres européennes du 14 ème siècle et fit construire le fameux cénotaphe de la Collégiale. Sous son règne, le comté de Neuchâtel couvrait déjà, à quelques détails près, le territoire actuel du canton, mais en plus de cela, la maison de Neuchâtel compta également différentes possessions isolées dans une vaste région transjurassienne.
Au niveau du développement social et urbanistique, en 1214, une lettre de franchise est octroyée par le Comte de Neuchâtel au bourgeois attestant ainsi une société déjà bien organisée. Jusqu'au 13 ème siècle la ville est limitée à la seule rue du château allant de la Tour de Diesse à la Tour de la prison, puis la ville continua progressivement son extension, de la rive droite du Seyon, elle enjamba la rivière au 14 ème siècle; les Chavannes, le Neubourg et la rue l'Hôpital sont créés, une nouvelle fortification avec ses tours est érigé pour assurer la sécurité d'une bourgade dont la rivière, en son centre, ne protège plus. Notons aussi que la ville devait souvent subir tragiquement la rivière en crue avant qu'elle soit déviée du centre par un tunnel en 1843.
1395-1707:
Maison Fribourg-en-Brisgau, margraves de Hochberg et Maison Orléans-Longueville
A la fin du 14ème siècle, le Comté de Neuchâtel passa par mariage à la Maison de Fribourg-en-Brisgau pour un demi-siècle (1395-1458) puis dans celles des margraves de Hochberg (1458-1504) avant de passer, par mariage, à la Maison d'Orléans-Longueville, une branche bâtarde de la Maison de France (1504-1707). De cette période, le plus connu fut Philippe de Hochberg (1454-1503), qui débuta sa carrière à la cour de Bourgogne sous Charles le Téméraire puis passa au service du roi de France. Sous Louis XI puis Charles VIII, il remplit successivement les importantes fonctions de maréchal de Bourgogne, du gouverneur et Grand Sénéchal de Provence puis enfin de lieutenant général du roi en Languedoc. Ces hautes charges permirent à sa fille d'épouser en 1504 un prince de sang royal: Louis d'Orléans.
A l'exception d'un intermède de 17 ans (1512-1529) durant lequel les cantons suisses occupèrent le comté sous prétexte de le protéger (Il était en guerre contre la France), les Orléans-Longueville régnèrent sur Neuchâtel jusqu'en 1707. Sous leur règne, la Réforme gagna le pays en 1530 avec Guillaume Farel et le comté fut promu au rang de principauté en 1648.
1707-1848: Neuchâtel devient prussien sous les Hohenzollern
Suite à la mort de Marie de Nemours en 1707 sans héritiers directs, les bourgeois purent se choisir eux-mêmes un nouveau prince. Leurs craintes étant principalement le développement de l'influence française et catholique dans une région
qui ne l'oublions pas était protestante calviniste. Ils offrirent donc la couronne à un monarque protestant calviniste, le roi de Prusse Frédéric 1 er. Précisons que la principauté de Neuchâtel ne fut jamais partie intégrante du royaume de Prusse et du Saint-Empire romain germanique, mais qu'elle appartenait à la famille des Hohenzollern par le biais d'une union personnelle.
Les Hohenzollern régnèrent donc à leur tour sur Neuchâtel pendant 140 ans de 1707 à 1848 avec un intermède français entre 1806 et 1814, période durant laquelle Napoléon 1 er nomma sur le trône de Neuchâtel un de ses plus fidèles maréchaux, Alexandre Berthier. Après l'effondrement de l'Empire, les grandes puissances, réunies en congrès à Vienne pour réorganiser l'Europe redonnèrent Neuchâtel au roi de Prusse tout en permettant
son adhésion au pacte fédéral de la Confédération helvétique en 1815.
Neuchâtel - Berlin - Neuchâtel
Comme LatLon-Europe vous présente également la ville de Berlin comme destination touristique et culturelle, en complément à l'histoire prussienne de Neuchâtel, il est fort intéressant de mettre en avant quelques liens existant entre ces deux villes éloignées de 1000 kilomètres. A Neuchâtel, différents lieux rappellent cette période, la Maison du Prussien, la Grotte du roi de Prusse sur le Doubs (Frédéric-Guillaume III s'y rendit en 1814, puis Frédéric-Guillaume IV en 1842), de nombreux restaurants et lieux-dits font référence à Frédéric II, l'université de Neuchâtel est fondé en 1838 avec le soutien de Berlin et finalement, au musée d'histoire de Neuchâtel, de nombreuses peintures et objets font référence à cette période.
A Berlin, il faut chercher un peu plus mais vous trouverez par exemple les attaches avec les Huguenots (aussi nombreux à Neuchâtel), l'existence d'une ancienne caserne et d'une colonie Neuchâteloise (Vers Gesundbrunnen, Koloniestraße) rappelant l'obligation de l'envoi de familles neuchâteloises et de "Gens d'armes" pour repeupler une région dévastée par les guerres et les pestes. Vous trouverez à Berlin une "Neuchateller straße" et une "Neuenburger Straße" à côté du musée juif ainsi que différents noms de personnages berlinois aux consonances très neuchâteloises comme le Physiologue et recteur de l'Université Humboldt, Emil Dubois-Reymond.
1er Mars 1848 - Neuchâtel, un canton Suisse
Revenons à l'histoire de Neuchâtel avec le jour le plus connu des Neuchâtelois, le 1 er Mars étant jour férié dans tout le canton de Neuchâtel. Au contact des démocraties helvétiques, les Neuchâtelois avaient pris goût à l'autonomie dont jouissaient les cantons suisses. Ainsi, après une tentative infructueuse en 1831, une révolution républicaine triompha de la monarchie le 1er Mars 1848. Conduits par Fritz Courvoisier,
les révolutionnaires partirent du Locle dans les montagnes neuchâteloises et descendirent en direction du lac et du Château pour expulser définitivement les Prussiens ; l'histoire moderne neuchâteloise commence. C'est Alexis-Marie Piaget qui présida le gouvernement provisoire puis le premier Conseil d'Etat et il fut également le rédacteur de la constitution et de toutes les législations du nouveau canton. Une tentative de contre-révolution échoua en 1856 et conduit à l'abandon officiel de tous les droits de la couronne prussienne sur le canton.
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